page supérieure
Cetains connaissent, d'autres s'interrogent... voici tout ce qu'il faut savoir sur le GOUMI. Avec nos remerciements à l'auteur de l'article,
Pierre JAMEY d'Épinal, et la revue qui l'a publié en 1999, Villages Lorrains.
À mon arrivée en Lorraine, à Raon-l'Étape vers 1980, j'ai entendu parler d'un arbuste que je ne connaissais pas et qu'on appelait "Goumi". Intrigué, j'ai essayé de découvrir qui était cet inconnu qui mettait en défaut mon savoir botanique. J'ai consulté et reconsulté, sans succès, des flores de France. Il n'y avait pas la moindre description de cette plante dans leurs pages, elle n'y était pas répertoriée, ni en "latin", ni en français. J'en avais déduit alors qu'elle devait être d'origine étrangère. Bien plus tard, j'ai appris, par hasard, que notre arbuste s'appelait officiellement Goumi du Japon en français et eleagnus en langage "scientifique" avec un prénom d'espèce variable selon les auteurs ; soit edulis (bon à manger), soit multiflora (beaucoup de fleurs), soit longipes (= longs pieds = longues racines ou peut-être longs rameaux). Toutes ces appellations (eleagnus, edulis, multiflora, longipes) caractérisent bien notre hôte.
|
 |
 |
Le nom étant connu, il a alors été plus facile de poursuivre des recherches sur ses origines, son pedigree ou son utilisation. Ma curiosité satisfaite, je résume maintenant mon savoir actuel sur le Goumi pour les lecteurs de Villages Lorrains en remerciant bien sincèrement les amis ou connaissances (et plus particulièrement à M. François Vernier, ingénieur ONF à Lunéville) qui m'ont fourni des renseignements sur ses origines ou sa localisation en Lorraine. Localisation qui, somme toute, y est peut-être plutôt restreinte. |

QUID DE LA BOTANIQUE
Le Goumi appartient à la famille des élégnacées (Elaia = olivier en Grec), qui sont tous des arbres, arbustes ou arbrisseaux à feuilles simples, le plus souvent caduques et comme argentées en dessous. C'est une petite famille avec une quarantaine d'espèces dans le monde et seulement deux (et encore) dans la flore originelle française.
- L'argousier faux nerprun (Hippophae rhamnoïdes), arbuste piquant de moins de 3 mètres de haut, colonisateur de sols neufs (éboulis, délaissées de torrents, berges de rivières) que l'on trouve dans les vallées des Alpes ou du Sud-Est. Son fruit, comestible, est une baie jaune de la grosseur d'un pois.
- L'olivier de Bohème ou chalef (Eleagnus angustifolia). Au départ, le chalef n'appartient pas à la flore française, mais il a été introduit depuis très longtemps dans la région méditerranéenne et la bordure atlantique. C'est un arbuste de moins de 10 mètres de haut donnant des fruits comestibles qui ressemblent à de petites olives. Il est à l'origine de nombreux dérivés très appréciés en décoration (taille limitée, feuillage décoratif très résistant aux maladies et attaques d'insectes).
Après avoir situé ses cousins plus ou moins français, revenons à notre Goumi qui, lui aussi, a servi de porte-greffe pour des variétés horticoles.
C'est un arbuste à feuilles caduques aux rameaux longs et pendants de 2 à 3 m de haut en général (j'en ai vu un de 4 à 5 m) très touffu. Ce qui est le plus surprenant, chez cet arbuste, c'est sa densité - densité de son feuillage et de ses rameaux, densité de sa floraison (petites fleurs jaunes début mai) - suivie d'une production de fruits rouges tout aussi dense. Par sa forme. le fruit est voisin d'une cornouille (fruit du cornouiller mâle), mais il est d'un rouge franc avec un très long pédoncule ("queue").
Sa saveur, lorsqu'il est mûr (début juillet) ne ressemble à rien de connu (un peu astringent, un peu acidulé, un peu sucré). La graine contenue dans cette petite olive rouge est un akène (et non un noyau).
Le Goumi se reproduit par drageons. |
 |
UN PEU D'HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
Le Goumi est originaire d'Asie et notamment de Chine et du Japon (où il s'appelle Hosoba-Natsugumi). Il a été introduit en Europe et aux États-Unis à la fin du siècle dernier. En ce qui concerne l'Europe, c'est en Hollande qu'il est arrivé en premier vers 1850. Lavallée l'apporte en France en 1861. En Lorraine, c'est Baccarat qui semble être son pays d'adoption initial. Joseph Clarté de Baccarat a essayé de le promouvoir, il lui a dédié plusieurs études dans le Bulletin de la Société d'acclimatation à partir de 1877. C'est surtout dans cette région de Baccarat qu'il est le plus connu. La revue archéologique et le bulletin municipal lui ont consacré plusieurs articles. Cependant, il est présent ailleurs. Une première enquête permet d'assurer qu'il existe bien dans la vallée supérieure de la Meurthe et de ses affluents (de Lunéville-Baccarat à Anould en passant par Cirey-sur-Vezouze, Senones, etc.). Il semble peu connu, voire inconnu dans la Haute vallée de la Moselle et de ses affluents et sur le reste du plateau lorrain. Mais cela mérite d'être affiné et l'auteur de ces lignes serait heureux d'avoir tout complément d'information sur cette répartition. A priori donc, en Lorraine, il n'occuperait qu'une "aire" restreinte malgré sa productivité et sa grande résistance (il résiste très bien au froid, jusqu'à - 30°C). En dehors de la Lorraine, il doit être connu ailleurs, notamment parce qu'il figurait, il y a quelques années, au catalogue d'un pépiniériste du Centre de la France qui le commercialisait pour réaliser des couverts à gibier (fourrés épais constituant de bonnes cachettes, fruits abondants, etc.). |
 |
PARTIE ÉCONOMIQUE DE L'AFFAIRE
 |
Outre son intérêt pour le gibier, la faune en général et les oiseaux en particulier, le fruit mûr peut être utilisé en confitures et pâtisseries, mais ce que j'apprécie le plus (avec modération bien entendu) est le vin de Goumi (appelé Gumishu au Japon). Cela se fabrique comme d'autres vins de fruits, avec notamment ajout de sucre comme pour le vin de groseilles par exemple. Par contre, tout comme pour la groseille, la distillation ne donne qu'une eau de vie avec très peu de goût. Mais que les bouilleurs de crus patentés se méfient : ils ne doivent pas pouvoir utiliser leur privilège pour ce fruit inconnu de l'administration fiscale.

|
EN GUISE DE CONCLUSION
Le Goumi du Japon fait partie depuis plus de cent ans du patrimoine d'une partie de la Lorraine. Mais voilà un arbuste plein de bonne volonté dont les qualités ne sont pas assez connues ou reconnues. Il mériterait d'être plus planté dans les jardins publics ou privés, d'autant plus que sa multiplication est facile. Ces quelques lignes contribueront peut-être à réparer quelque peu l'injustice qui lui est faite.
Complément à l'article de Pierre JAMEY : le goumi semble préférer les sols acides.
RECETTE DE LA GELÉE DE GOUMI
- utiliser des fruits bien mûr
- les broyer à la main
- couvrir d'eau à ras
- cuire 15 mn
- égoutter dans un linge, toute la nuit
- ajouter au jus son poids de sucre
- cuire 10 minutes
- mettre en pot
Astuce : ma confiture prendra-t-elle ?
Épandre un peu de confiture en train de cuire sur une assiette sortie du frigo : si la confiture fige, vous pouvez arréter la cuisson. Sinon vous pouvez estimer le temps qu'il reste à cuire, en observant le comportement de l'échantillon.
|

|
UNE RECONNAISSANCE INATENDUE
Le livre "Baies et petits fruits" paru en 2013 propose une originale recette à base de pêches rôties au couli de goumi... à découvrir !
Site de l'auteure
Site de l'éditeur |
|
|